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En France, jeunesse ne rime pas avec égalité !

15 mai 2018

Sommaire

1/ Définition des inégalités

2/ Les principaux freins au dévelopement de la jeunesse

  a) La mondialisation provoque la précarité

  b) La crise des subprimes

  c) Des études en or

  d) Les générations sacrifiées

  e) La jeunesse victime de la précarité

  f) La monté de l'individualisme

  g) Baisemains et mocassins

3/ Les solutions

  a) Interview d'un professeur d'économie

  b) Les outils de l'Etat pour lutter contre les inégalités

  c) Les zones franches, outil de lutte contre les inégalités

  d) La lutte contre le chômage

  e) Monopoly avec les inégalités sociales

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15 mai 2018

« En France, jeunesse ne rime pas avec égalité ! »

 

 

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Aujourd’hui en France, le retour d’instabilités économiques comme la crise des Sub Prime de 2008 ou l’arrivée en force du papy boom, provoque une vague de changements qui viennent perturber les normes et les fondements de nos sociétés contemporaines.

Ces transformations se traduisent par une forte hausse des inégalités sociales, touchant toutes les générations mais restant très marquées chez la jeunesse, se caractérisant par une période souvent compliqué du fait de l’entrer dans la vie active, devenue encore plus complexe avec les changements soulignés.

Nous pouvons donc nous demander en quoi l'on peut dire que les inégalités sociales représentent un frein dans le développement économique et social des jeunes aujourd’hui.

Pour répondre à cette problématique, nous allons tout d'abord définir le terme d’inégalité sociale en faisant un focus sur la jeunesse ; puis nous verrons ensuite quels sont les freins économiques et sociaux que rencontre cette jeunesse, et enfin les mesures adoptées ou pouvant être adoptés qui peuvent améliorer la situation.

15 mai 2018

1/ Inégalités sociales, définition

 

Qu'est ce que les inégalités sociales ?

 

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Une inégalité social est une différence dans l’accès à des ressources sociales rares et valorisées, ressources étant entendu au sens le plus large, incluant toutes les possibilités d'actions politique, économique, culturelle, sociale, sexuelle, etc. Les inégalités sociales sont donc le résultat d'une distribution inégale des ressources au sein d’une société.

 

Pourquoi est-ce un problème ?

 

Les inégalités sociales existent depuis lors qu'il existe des êtres humains : un enfant qui naît aveugle va forcément rencontrer plus de difficultés à évoluer dans son environnement/sa société qu'un enfant né normalement constitué. Cependant en France, dans toute notre Histoire, notre époque contemporaine est sans doute celle qui comprend le moins d'inégalités sociales, et de très loin : les femmes ont les mêmes droits que les hommes (travailler, conduire, voter, etc), nous sommes pris en charges lorsque nous sommes malades, accompagnés lors de notre éducation, sommes éduqués, relativement épargnés des guerres et des épidémies via de grandes avancées de la médecines, etc... Si les hommes des cavernes nous voyaient aujourd'hui, ils nous demanderaient certainement pourquoi l'on se plaint alors que nous disposons de tous ces privilèges. La est toute la question. En vérité, ces avancés sociales ont été le fruit de nombreux combats et changements de mentalités observable à travers l'Histoire, cependant, notre société à encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'atteindre l'égalité parfaite. A vrai dire, cet objectif utopique ne sera certainement pas atteins.

 

Toutefois, si nous ne pouvons pas atteindre ce modèle, nous pouvons tendre vers et tenter de faire de notre société un endroit toujours plus juste, et toujours plus équitable. De plus, certaines de ces inégalités commencent à se faire de plus en plus problématiques car elles ont un réel impact sur notre société, comme par exemple notre système éducatif post bac qui reproduit beaucoup trop les inégalités sociales de notre société au point que celle ci s'auto reproduit de générations en générations, ou bien les inégalités hommes/femmes qui peine encore aujourd'hui à être éradiquer.

En bref, lutter contre les inégalités sociales est le moyen pour les sociétés d'évoluer vers des modèles plus juste.

15 mai 2018

2/ a) La mondialisation provoque la précarité

 

La mondialisation, qu'est ce que c'est ?

 

Selon Olivier Dollfus : « la mondialisation, c’est l'échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l'espace mondial étant alors l'espace de transaction de l'humanité. ». Il est donc difficile de cerner réellement les débuts de la mondialisation, mais l'on peut penser que cela débute à la fin du 15e siècle et au début du 16e avec les grandes explorations entraînant a découvertes des Amériques la course à la colonisation des pays européens. Mais cette mondialisation va mettre beaucoup de temps à se mettre en place, et va grandement s'accélérer à partir des années 1970 grâce aux nombreuses avancées technologiques des transports (portes conteneurs, voix ferrées, etc) et à une accélération des échanges internationaux.

 

Mais en quoi est ce que la mondialisation provoque la précarité ?

 

Prenons l 'exemple de l'entreprise américaine Macdonald. C’était à la base une petite entreprise familiale situé aux États Unis qui s'est considérablement développé dans ce pays via sa spécialisation dans le « fast food ». Mais arrivé un certain stade, l'entreprise pouvait difficilement plus se développer aux États Unis, et à donc du chercher d'autres marchés, d'abord chez ses voisins, puis bien plus loin l'internationale. De l'Asie à l'Europe, aujourd'hui cette entreprise est une multinationale présente partout sur la planète, tous comme coca cola ou Ferrero. Le problème avec ces entreprises, c'est que lorsqu'elle arrive sur des marchés étrangers, par exemple en France, elles viennent faire concurrence aux entreprises locales, et une concurrence féroce. En effet, pour ce qui est des prix, les géants peuvent très bien les faire descendre vraiment très bas pour essouffler la concurrence, et sais qu 'elle n'y perdra pas grands choses puisqu'elle dispose d'immenses revenus. De plus, puisque chaque région du monde à sa culture propre, ces multinationales vont adapter leurs produits avec les normes locales, comme avec le mac-baguette de Macdonald en France, ou bien les sandwich à base de riz en Chine par exemple. Ces stratégies leurs permettent de séduire plus facilement les personnes de ces régions en s'adaptant à leurs régimes. Cependant, les petites entreprises locales peinent à lutter contre ces grandes puissances, et une grande partie d'entre elles vont faire des dépôt de bilan face à cette concurrence déloyale.

 

Aussi, sans forcément avoir à s'implanter elle même dans les pays concernés, les multinationales, en exportant leurs produits à l’étranger, vont également faire frémir les activités locales, comme par exemple les produits manufacturés provenant de Chine qui ont presque totalement décimé cette branche de la production française, ou encore les produits textiles

 

En conséquences, beaucoup de postes ont été supprimés avec la perte de la diversité des entreprises locales, et ont été remplacés par des petits postes dans des grandes chaînes de production, souvent rémunéré au minimum légal, avec des contrats à duré limités pour éviter de payer des primes d'ancienneté, et sans réel projet de carrière envisageable. Cela met donc les jeunes dans des situations de précarités car il devient de plus en plus difficile de se spécialiser auprès de professionnels, moyen stable et efficace pour s'insérer durablement dans la vie professionnelle.

 

 

15 mai 2018

2/ b) La crise des subprimes

Pour combler cette baisse des taux d’intérêt, les banques vont devoir faire beaucoup plus de prêts pour pouvoir toucher plus d’intérêts, autrement dis leur gagne pain. Pour ce faire, les banques vont multipli 

Tous d'abord, c'est quoi la crise des subprimes ?

 

Au début des années 2000 aux États-Unis, la baisse de l’inflation combinée à la baisse des primes de risque a conduit à une baisse des taux d’intérêt à long terme, malgré le resserrement de la politique monétaire américaine. Cette baisse a été renforcée par une réduction globale des emprunts émis par les États, des politiques de contrôle des déficits publics se mettant en place notamment en Europe.er les prêts risqués aux ménages ayant plus de chances de faire un défaut de payement, souvent en situation de précarité, appelé « subprimes », puisque faire des prêts plus sûr ne suffit plus. Aussi, le principe de l'hypothèque donne le sentiment que faire des subprimes ne comporte aucuns risques Il permet aux banques de leurs prêter de l'argent sans prendre de risques puisque si le ménage ne peut plus rembourser, son bien immobilier est saisi puis revendu par la banque, et ne perd donc rien. En parallèle, la dynamique à l'ordre du jour incite les ménages à investir dans l'immobilier, et les banques à faire de plus en plus de prêts à des personnes en situation de plus en plus précaires, même si cela comporte un risque.

 

Au début, ce procédé va très bien fonctionner, et les politiques des États incitent tous le système à aller dans cette direction. Les banques vont donc investir de plus en plus dans les « subprimes », au point que ceux ci pèseront plus de 600 milliards de dollars aux États-Unis, soit un quart des crédits distribuées dans le pays. Mais de 2002 à 2006, les taux d'intérêts vont passer de 1% à 5,25%. Le problème, c'est que la plupart des subprimes ont des crédits à taux variables, ce qui signifie que le poids de leurs crédits va fortement augmenter, multipliant dangereusement les défauts de paiements. Cette forte augmentation surgit dans le même temps que la hausse des hypothèques avait entraîner une hausse des prix de l’immobilier, et donc la création d'une bulle spéculative.

 

Si au début personne ne panique, la situation va vite devenir alarmante lorsqu'il y aura beaucoup trop de biens immobiliers à vendre, et comme les prix sont devenus très haut, personne pour les acheter. Dès lors, les banques se retrouvent face à des crédits colossaux que plus personne ne rembourse puisque l'investissement se gèle, et cesse d'en accorder des risqués pour ne pas s'enterrer d'avantage. Dès 2007, plusieurs annoncent qu'elles sont en faillites, et les investisseurs comme les traders perdent également beaucoup d'argent.

 

En 2008, c'est la banque Lehman Brothers, une des banques d'investissement les plus anciennes et le plus puissantes, déclare elle aussi qu'elle est en faillite après avoir lancé un appel à l'aide à l’État américain auquel G. W. Bush avait refusé de répondre. Suite à cette catastrophe, toutes les banques du monde se questionnent. Si une banques aussi grande et puissante que Lehman Brothers peut faire faillite et que l’État n'a rien fait, est ce que les autres banques vont également faire faillite ? Le problème, c'est que les banques sont reliées entre elles par le crédit interbancaire, autrement dis les banques les plus riches prêtent de l'argent à celles qui n'en n'ont pas assez. Il s'agit d'un énorme marché de 2000 milliards de dollars par jours en 2007. Désormais, les banques ont peur de prêter de l'argent à d'autres banques car elles peuvent faire faillite et donc ne jamais rembourser, et vont donc totalement arrêter les crédits interbancaires, et si elles ne se prêtent plus d'argent entre elles, elles ne prêtent plus non plus d'argent aux entreprises et aux particuliers. En bref, si le système interbancaire s'arrête, c'est l'économie mondiale qui s'arrête.

 

En réaction, les États du monde vont reprendre les choses en mains. Ils vont sois prendre en charge la dette des banques, sois garantir leurs emprunts. Mais étant donné que l'économie mondiale est déjà en chute libre, ils doivent rapidement réagir pour tenter de remettre le train sur les rails. Pour ce faire, ils vont avoir le choix entre trois stratégies : attendre que l'économie s'autogère et revienne naturellement à la normal ; limiter les taxes et le taux d'imposition pour donner plus de libertés et de facilités aux entreprises pour les pousser à investir ; et enfin une politique keynésienne consistant à lancer de gros investissements publiques, autoroute, voix ferré, port, etc afin de relancer l'économie.

 

 

Et donc, quelles ont été les conséquences de cette crise sur les inégalités sociales et sur la jeunesse ?

 

Tout d'abord, il est important de préciser qu'en France, cette crise à eu des effets moins importants que dans d'autres pays du monde puisqu'il a une tradition de protectionnisme envers ses citoyens, mais elle a tous de même fait des dégâts non négligeables. En effet, les jeunes qui ont de base du mal à s'insérer dans la vie active ont été piéger par la hausse des taux directeurs lorsqu'ils ont enfin pu faire des prêts lors de difficultés financières et ont donc croulé sous la charge des intérêts dues aux banques, ce qui ne facilite pas leur intégration au monde du travail et qui les rends encore moins solvables pour des prêts à venir. De plus, pendant quelques temps il a été presque impossible, au mieux très compliqué, pour les ménages de demander des prêts pour acheter appartements/maisons et prêts en tous genre, mettant de sérieux bâtons dans les roues des jeunes cherchant des appartements plus proche de leur travail par exemple, ou bien pour des prêts pour les voyages étudiants, formations professionnels, etc... pouvant fortement désavantager ces personnes à long terme. Ensuite, la crise s'est accompagné d'une gèle de l'embauche due à l'incapacité des entreprises à investir, et donc de recruter des salariés, venant augmenter le chômage et principalement chez la jeunesse.

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15 mai 2018

2/ c) Des Études en or

 

En 1964 sortit le livre « Les héritiers » de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, dans lequel ils expliquent que la réussite scolaire dépend principalement de la capacité du milieu familiale à transmettre un certains type de connaissances, de savoir faire et de savoir être, à travers par exemple l'encouragement à la lecture, aux sorties culturelles, au niveau de vocabulaire utilisé lors de conversations, etc... Autrement dis, les personnes provenant des classes favorisés acquiert comme naturellement des savoirs nécessaires implicitement au bon déroulement du cycle scolaire, tandis que ceux provenant de classes plus populaires doivent mettre en place des efforts supplémentaires pour les acquérir.

 

En somme, cette observation se remarque dans la réalité par une facilité naturel à l'école des enfants provenant de milieux aisées contre des difficultés pour ceux provenant de milieux populaires, se traduisant par des parcours scolaires plus cours ainsi qu'un « conditionnement » vers des filières moins prestigieuses.

 

Cependant, rares ont été les études cherchant le lien entre capitale économique des parents et réussite social, comme le note Arnaud Parienty dans son livre « School Business », d'autant plus que la compétition scolaire semble d'autant plus acharné.

 

En effet, aujourd'hui les classes moyennes et supérieures sont plus que jamais soucieuses de créer un environnement favorable à la réussite scolaire dans ce contexte ou les diplômes sont très valorisés.

 

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Pour ce faire, elles vont mettre en place diverses stratégies : habiter près d'un bon établissement, soutiens scolaire, s'orienter vers de l'enseignement privé, etc... mais toutes ces stratégies ont un coût financier non négligeable que toutes les familles ne sont pas capable de supporter, et encore c'est sans parler de l'enseignement supérieur. Dans ce secteur, l'argent est tout simplement, et ce dans presque toutes les formations, la clé d'accès de cette dite formation, le rendant d'autant plus discriminant. A titre d'exemple, trois ans d'études en école supérieur de commerce coûtent en moyenne 35 000€, pas besoin de préciser que ce n'est pas une formation accessible à tous ! Si deux élèves de même niveau souhaite intégrer ces écoles, celui qui aura le plus de chances d'y arriver sera sans doute celui avec le plus grand capital économique.

 

En résumé, le capital économique, bien que longtemps « négligé » dans les études sur la réussite scolaire, joue bel et bien un rôle déterminant dans l'avenir des individus, et ce bien souvent selon leur origine social, témoignant d'inégalités à la source même de l'éducation des personnes, et qui sont en plus du reste, à la hausse.

 

15 mai 2018

2/ d) Les générations sacrifiées

  

En 2002, le sociologue Louis Chauvel sera le premier à évoquer le terme de « génération sacrifié » pour désigner les jeunes entrant sur le marché du travail, puisque selon certaines études : « Chaque nouvelle génération se retrouve dans une situation encore plus dégradé que la précédente ». Ce terme comprends les personnes nées dans les années 1990-2000, qui seraient beaucoup plus désavantagées que les autres du fait des perturbations socio-économiques observables aujourd'hui. En effet, il y a trente ans, les jeunes adultes gagnaient plus que la moyenne nationale, mais leur revenu est aujourd'hui moins important que le reste de la population. En France, entre 1978 et 2010, les revenus des retraités ont augmenté, par rapport à la moyenne française, de 49 % pour les 65-69 ans (et de 31 % pour les 70-74 ans), alors que ceux des jeunes ont connu une évolution négative (– 8%). Aussi, cette jeunesse est victime d'une inégalité par rapport aux générations précédentes déjà installées dans le monde du travail avec des postes fixes (CDI, postes de fonctionnaires, etc). Les nouveaux arrivants, mêmes diplômés, peinent à se trouver une place durable dans la vie active, et une majorité d'entre eux subissent des années difficiles en emplois précaires avant d'obtenir un emploi stable.

 

De plus, cette pensé est accompagnée de très près par un pessimisme croissant chez les jeunes du à la difficulté de leur insertion sociale et de leur entré dans la vie active. Une étude publiée par le Guardian a confirmé ce pessimisme ambiant. Selon le journal anglais, la génération dite « Y » serait la première à faire face a un déclassement social aussi conséquent en France. Néanmoins, d'après Monique Dagnaud, sociologue au CNRS, il est excessif de parler de génération sacrifiée, mais il est tout de même approprié de souligner la vulnérabilité sociale observable chez la jeunesse en France du fait de l'état actuel de notre pays, « très endetté, peinant à s'adapter à la mondialisation et créant peu d'emploi ».

15 mai 2018

2/ e) La jeunesse victime de la précarité

 

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Dans un article de « Sciences Humaines », il nous est exposé le parcours de deux personnes différentes : l'une ayant eu lieu des années 70 à nos jours, et l'autre ayant eu lieu plus récemment.

 

Cette deuxième, Virginie, a 24 as lorsqu'elle recherche son premier emploi après avoir décroché un master en ressources humaines. Après quelques semaines de recherches, elle décroche un CDD de 6 mois, un remplacement pour un congé maternité, puis plus rien. N'ayant pas assez cotisé pendant cette période, elle n'a pas le droit au chômage et touche le RSA, et doit recommencer ses recherches. Ces dernières lui prenaient près de 5h par jour, « c'est presque un travail à temps plein » déclarait-elle. Après plusieurs semaines, elle décroche un autre CDD, dans lequel elle va finalement se faire renouveler son contrat en CDI. Avant d'avoir eu accès à un emploi stable, Virginie aura connu une période de 3 ans navigant entre emploi et inactivité, une situation que son niveau d'étude aurait du permettre d'éviter.

 

Martine, quand à elle, à quitté sa faculté d'une licence de mathématique à 23 ans avant de rechercher du travail. Elle va alors tenter le concours d'entré chez France Télécom. « A cette époque, une candidature = un emploi » explique-t-elle. Elle devient alors chargé de communication, puis gravit progressivement les échelons entre trois congés maternités pour enfin finir chef de son service. A 55 ans elle bénéficie d'un congé de fin de carrière, et à 60 ans elle part à la retraite.

 

Virginie, de son côté, ne pourra prendre sa retraite au plus tôt qu'à 67 ans, à moins qu 'elle repasse par des périodes de chômages entre temps...

 

Ces deux exemple illustrent parfaitement l'écart qu'il existe entre ces deux générations, l'une nageant dans le plein emploi et l'autre se noyant de plus en plus dans la précarité. Cette évolution du travail laisse toute une génération dans une situation de plus en plus compliqué à vivre. En 2014, 52% des jeunes de 15 à 24 ans actifs occupent un emploi de type intérim, CDD ou apprentissage selon l'Observatoire des Inégalités, alors que ce chiffre n'est que de 17% chez les 25-49 ans et seulement de 3 à 9% chez les plus de 50 ans.

 

Cet écart est du à un contexte économique moins favorable à l'épanouissement des jeunes dans le milieu professionnel qu'auparavant, que ce soit à cause de la crise, de l'ouverture à la concurrence internationale, etc...

 

Le sociologue Louis Chauvel explique que selon lui les personnes nées dans les années 50 ne connaîtront plus des conditions aussi favorables que celles de leurs aînés. La moyennisation, phénomène ayant se traduisant par une ascension sociale des classes sociales inférieurs jusqu'à un certain équilibre, à laissé place à ce qu'il nomme « l'aspiration vers le bas », autrement dis la compilation entre dévaluation des diplômes et déclassement social qui touche particulièrement les jeunes. C'est ainsi que pour lui, la jeunesse d'aujourd'hui serait une « génération sacrifié », victime de l'accroissement de la précarité.

15 mai 2018

2/ f) La monté de l'individualisme entretient les inégalités

 

La jeunesse du 21e siècle, bien plus que n'importe quelle autre, est très marquée par la monté de l'individualisme. Sans l'être délibérément, les « Y » le seraient toutefois « par contrainte » selon la sociologue Cécile Van Velde. Dans l'enquête"Génération quoi ?" menée en 2013 par France Télévisions, la moitié des participants (âgés de 18 à 34 ans) assuraient en effet qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes dans cette société où ils se sentent abandonnés. Mais ils ne négligent pas toutefois l'importance des solidarités, estimant majoritairement (77 %) qu'il ne peuvent pas s'en sortir dans la vie sans solidarité.

 

Cette monté de l'individualisme est la conséquence direct et la suite logique de la monté du néolibéralisme, consistant à donner toujours plus de pouvoir aux entreprises afin de relancer l'économie pour pouvoir, une fois une situation stable recouvrée, mettre en place des mesures sociales. Dans les faits, cette volonté de se rapprocher de ce modèle s'est traduite par de fortes discriminations à l'embauche dues à la hausse de la concurrence sur le marché du travail, une augmentation du travail précaire (CDD, intérim) car il est « bénéfique aux entreprises, une augmentation affolante de la pression résultant de la vie en entreprise, mais aussi une dégradations des conditions de travail due à la volonté des organismes de production de vouloir toujours produire plus à plus bas prix, se solvant par une hausse du nombre de suicides, de dépressions et de burn out.

 

Étrangement, la génération Y est "à la fois individualiste et hypersocialisée" d'après Monique Dagnaud. Elle est très ouverte à une multitude d'autres genres, cultures et idées que les siennes, et a une sociabilité plus intense que l'on a jamais pu l'observer auparavantEntre les sorties au cinéma, en concerts, et le fameux "culte de la fête", l'autre n'a jamais été aussi accessible. Avec Internet et les réseaux sociaux, il est même possible d'entrer en contact avec un total inconnu pour se mettre en colocation avec lui, acheter une voiture ou même créer de véritables relations sociales, voir intimes. Il y a dix ans, le capital social d’un jeune adulte comprenait les amis de l’école ou du quartier, les amis de l’université puis ceux du travail. Aujourd’hui s'y rajoute une multitude de personnes, les amis d’amis, dont la mise en contact est favorisé par les réseaux sociaux. Cela permet à ces individus de bénéficier d'un capital de liens faibles plus important, et donc de s'offrir un certain « confort » puisque ces contacts vont être utile pour chercher du travail, un appartement, ou pour des coups de main en tout genre, pouvant aller jusqu'à une petite sécurité via des roues de secours et des plans de derniers recours.

Cependant, derrière cette majorité de jeunes hypersocialisés se cache toutefois une minorité, sans formation supérieure ou sans soutien familial fort, et habitant dans des zones géographiques défavorisées. A côté des inégalités entre générations, les inégalités au sein de la génération Y sont également très présentes, en particulier entre ceux passant par l'enseignement supérieur (42% des jeunes) et les autres. Même si ces jeunes diplômés vont mettre du temps pour s’autonomiser, en passant par des stages et des emplois en CDD par exemple, ils ont à terme de fortes chances de trouver un emploi stable. Au contraire, ceux qui n'ont que le bac, une formation professionnelle courte ou aucun diplôme, risquent de connaître une vie précaire sur le long terme. D'ailleurs, ces jeunes viennent plus généralement de milieux populaires, où les moyens financiers sont limités, créant un fossé entre les individus naissant d'un autre fossé, engageant ces inégalités dans une sorte de cercle vicieux.

Enfin, une des caractéristiques majeures permettant à la jeunesse de s'hypersociabliser est la technologie et les réseaux sociaux, et cela peut également poser des problèmes. De fait, les jeunes n'ayant pas accès à ces technologies et/ou aux réseaux sociaux, que ce soit du à un contexte financier compliqué ou bien à un choix idéologique de la personne ou de sa famille, creuse un fossé entre eux et le reste de leur génération, qui peut engendrer des inégalités.

15 mai 2018

2/ g) Baisemains et mocassins

 

En 2005, Antoine Galliers, réalisateur de génération stagiaire et de Pierrot mon ami, réalisa un documentaire sur la haute bourgeoisie française et le système des rallyes pour la chaîne de télévision documentaire ARTE.

 

Dans ce documentaire, il s’est demandé comment vive les personnes de la haute bourgeoisie aujourd’hui et comment ils perçoivent la société dans laquelle nous vivons.

 

Mais tout d’abord, c’est quoi un rallye ?

 

Un rallye est une soirée mondaine organisée par des particuliers, permettant à des gens de se retrouver ou de se rencontrer. Cette soirée est typiquement une soirée dansante, organisée dans les classes aisées (grande bourgeoisie et aristocratie), à laquelle la tenue de soirée est de rigueur, et est le plus souvent destinée à un public jeune. L'origine du rallye remonte aux rallyes compétitifs, notamment en automobile, organisés au début du XXe siècle comme loisir par les familles des milieux aisés et qui se terminaient par une soirée dansante. Cette pratique a progressivement dérivé pour proposer toute sorte d'activité suivie d'une soirée dansante, jusqu'à ce qu'elle ne propose plus que la soirée elle-même, toujours appelée « rallye ». Les rallyes dansants ont été créés par la suite pour structurer l'organisation de ces soirées, éventuellement précédées d'activités diverses, comme moyen de rencontre pour les jeunes au sein d'un milieu social défini.

 

Il va donc suivre la préparation et le déroulement de ces rallyes, mener diverses interview, poser des questions aux différents interlocuteurs, et être invité lui même à être spectateur à un rallye. Ce film est très intéressant pour notre sujet d’étude puisqu’il permet de rendre compte de la différence de perception entre des personnes vivant au sommet de la pyramide et le reste de la société, soulignant donc une multitude d’inégalités sociales et ciblant particulièrement la jeunesse puisque la majorité des personnes interrogés dans ce documentaire sont des jeunes.

 

Le message que l’on y retiens est sans conteste : ces personnes sont les représentants de la dernière classe pour soi, la dernière classe à avoir conscience d’être une même communauté et qui se bat pour ses intérêts. A entendre les personnes interrogées, ils évitent de se mêler aux personnes du monde extérieur, n’y voient aucun intérêts et préfère côtoyer leurs « semblables ». En effet, les rallyes sont un très bon exemple de leurs stratégie de vie : ils créent du lien social, car le liens social représentent un capital très précieux et leur objectif est de grimper toujours plus haut dans les échelons du pouvoir.

 

De plus, ils élèvent également et naturellement leurs enfants dans ce but, et ce derniers sont, déjà très jeune, très cultivé. On voit par exemple un jeune d’un douzaine d ‘année qui confesse à la caméra qu’il apprend régulièrement le bridge, la valse, et d’autres pratiquent qui sont propres à cette classe. Les enfants sont donc totalement conditionné et destiné à suivre la voix de leurs parents.

 

Un autre point intéressant de ce documentaire, et toujours centré sur la jeunesse, est le témoignage d’une jeune fille. Elle dit à la caméra qu’elle ne peut pas s’imaginer se marier avec quelqu’un en difficulté financière, que la stabilité est un critère primordiale et que sa situation professionnelle sera également déterminante. Cette jeune fille précise ensuite qu’elle aime les rallyes pour cette raisons, parce qu’ils conditionnent uniquement des personnes de la même classe sociale, qui se ressemble et donc voit les rallyes comme le meilleur moyen de se trouver un époux. Par la suite, le reporter lui demande s’il lui arrive de sortir en boite ou en ville, et cette dernière est catégorique sur ses idées et défends qu’elle ne sentirait pas en sécurité, qu’elle ne s’y identifie pas et donc que cela lui fais peur. Elle va même dire qu’elle aurait trop peur d’être violé ou drogué, représentant très bien une fois de plus l’éducation très stricte et fermé qu’elle a reçu de ses parents.

 

Un autre jeune, plus tard, va être interrogé sur la vie professionnelle, et plus précisément sur les entretiens d’embauches. Selon ce dernier, certains comportements, propre à sa catégorie sociale, sont déterminant pour savoir si oui ou non une personne peut être embauchée. Par exemple, il nous dis qu’une personne qui met ses coudes sur la table ne sera pas embauchée, parce que pour lui c’est inacceptable. Ce procédé leurs permet de reconnaître les personnes appartenant à leur catégorie sociale, et donc répond toujours à cette politique de rester entre personne d’une même classe.

 

Ce documentaire est donc tout à fait pertinent dans cette étude puisqu’il met clairement en évidence l’écart entre cette classe se revendiquant « bourgeoise et noble », vivant hors de la réalité avec des priorités et des « besoins » démesurés, et tous le reste de la population. Il illustre donc parfaitement un type d’inégalités sociales qu’est l’inégalité des capitaux et de l’origine sociale, d’autant plus que ces classes sont totalement fermées et inaccessible .

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